donne carte blanche
à une rencontre mère-fille
Elle est apparue au pied du plateau vêtue cérémonieusement d’un élégant costume-pantalon blanc ! Accueillant les spectateurs déjà tous installés, Valeria Bertolotto, auteure, interprète et metteuse en scène de Carte blanche à ma mère, s’employait ici à s’excuser pour quelques minutes de retard…. S’adressant au technicien par micro interposé pour lui signaler l’incident, en fait, elle était déjà entrée dans le jeu ! La pièce avait commencé ! Signant l’ambiance originale de la production, un effet dedans / dehors allait ainsi rythmer l’extraordinaire performance de ce seule en scène… Si le noir traduit l’austérité, signe de deuil en de nombreux pays, le blanc est de mise pour symboliser la lumière vers laquelle s’en va le défunt. En l’occurrence, dans la pièce, la défunte mère de Valeria brutalement disparue – Alessandra – toute en légèreté et générosité… Et, les souvenirs d’enfance d’affluer à la surface, jalonnés par des effluves de douceur et tendresse maternelles…
Dans un dialogue intime, se réappropriant le destin, Valeria invite Alessandra sur les planches pour se raconter… Pour faire du deuil annoncé un spectacle gai, carte blanche lui est ainsi offerte et, mère et fille, dans un même corps et, par une même voix, déroulent les souvenirs que l’aînée veut joyeux et drôles ! S’enveloppant dans cette attitude comme il faut, strictement en usage imposée par un mari seigneur et maître, Alessandra passe pour démodée même si, au fond, elle aimait le théâtre, les sorties et ces stars italiennes d’après-guerre qui explosaient sur grand écran… Et, danser ! Magistrale interprétation que celle de Valeria. Adoptant un phrasé précieux et une mimique de diva, forçant l’accent quand sa mère prenait la parole, elle mimait une gestuelle toute en discrétion élégante calquée sur les temps passés…
Afin de préserver ses tendres liens filiaux et, rendre hommage à l’histoire personnelle de celle qui l’a toujours encouragée à monter sur les planches, l’idée de transformer ses souvenirs en un sujet de pièce de théâtre, s’est imposée tout naturellement à Valeria Bertolotto… Le plateau, devenant ici le tremplin idéal pour mettre en valeur la libération et l’émancipation maternelles, même si, sur scène « ça ne serait ni plus tout à fait elle, ni plus tout à fait moi… » confiait l’exceptionnelle auteure, interprète et metteuse en scène de Carte blanche à ma mère… On n’aura qu’un mot, bravo !
Prochain spectacle Le Poche Villa Dolorosa du 24 mars au 13 avril 2025