Une Genevoise se bat contre la maltraitance animale
à Milbrook Upstate New York
C’est une histoire de cœur et de passion. Il existe un attachement singulier dans la relation que l’on peut entretenir avec un animal. Une intelligence de partage, un lien de complicité … Si l’on s’évertue à choyer et protéger ses compagnons domestiques, en revanche de nos jours, les bêtes d’élevage connaissent une maltraitance en forte progression. Installée à New York, une jeune gemmologue genevoise s’emploie à leur défense, en les accueillant dans sa ferme … Récit.
Attirée par les animaux dès son plus jeune âge, Rima Lordonnois n’a de cesse de combattre les abus qui leur sont infligés et c’est naturellement qu’elle porte ses efforts vers les bêtes d’élevage comptant 7 milliards de victimes annuelles… Si le monde est habitué à chérir ses compagnons domestiques, poussée par les questions de rentabilité, l’industrie alimentaire est dans un autre rapport avec ces bovins, ovins, porcins et autres… qui finissent transformés dans les assiettes ! Des élevages-usines intensifs pratiquent des gestes incompatibles avec leur bien-être : transports et abattages inadaptés, espaces de vie exigus, cages batterie, castrations et mutilations… autant de sévices imposés au nom d’une nécessité de croissance rapide. Du côté des éleveurs et des paysans, considérées mineures, les maltraitances seront en général mises sur le compte de la négligence. Et de charges trop importantes !
Travaillant à New York, où elle vit avec son mari Olivier, Rima Lordonnois, devenue économiquement indépendante, finance un premier programme concernant un gîte canin quasiment à l’abandon à Miami. En 2008, la jeune femme poursuit un volontariat auprès du refuge de l’Etat de NY à Harlem qui, débordé, pratique l’euthanasie à grande échelle. Là, pendant 10 ans, deux jours par semaine, elle promènera des chiens, sans cela confinés dans des cages minuscules. Collaborant en parallèle avec PETA* sur des projets de backyard dogs** en Virginie, en 2012, elle s’oriente vers les bêtes d’élevage qui, comme le soulignent les Associations de protection des animaux, méritent également compassion et affection… D’où le rêve d’acheter, une ferme plus tard en Europe, la retraite venue, pour y recueillir ses protégés!
La vie en décide autrement ! L’été 2016, chez des amis à Millebrook Upstate NY, Rima Lordonnois et son époux visitent une propriété just for fun. Etreinte par un sanglot, elle entend soudain une voix : C’est MA ferme ! « C’était complètement fou… explique-t-elle, on n’avait ni le budget, ni l’intention d’acquérir quoi que ce soit. Mais, la force de l’appel l’emporta et, étape par étape, le 2 mars 2017 nous achetions le terrain pour fonder Happy Farm Animal Rescue obtenant dans la foulée le statut de non-profit 501C3 qui me permet de recevoir des dons déductibles fiscalement. » L’affaire est en marche ! Il a fallu tout (re)construire, le garage en piteux état, les clôtures délabrées, et se poser les bonnes questions, par où commencer ? Comment récolter des fonds sans appuis, sans connaissances dans la région et… sans animaux ? Les associations demeurant muettes aux sollicitations, passés 6 mois, il ne restait plus, qu’à interpeler l’USDA, le Département de l’agriculture.
Heureuse initiative ! La jeune femme refusant, par souci de liberté, de trop enclaver le site, il lui fut conseillé, par mesure de protection contre les coyotes, renards et, autres prédateurs, d’accueillir des ânes qui sauraient les chasser et sécuriser le terrain ! Après un premier refuge contacté, elle allait se trouver, janvier 2018, ralliant Happy Farm Animal Rescue avec 5 résidents dont deux mules – trop fougueuses – inadoptables depuis 4 ans ! Après la clôture du 1er grand pâturage, la réparation de la grange, la construction d’un poulailler et de l’écurie – l’ensemble entièrement financé en propre – une première année était passée. Le développement des 8 ha de terrain, débroussaillés et ceinturés, permit l’arrivée d’animaux en provenance de vente aux enchères de bétail pour la boucherie dont personne ne voulait !
Aujourd’hui, 35 résidents vivent à la ferme. Quelques-uns âgés et d’autres encore bébés exigeant des soins particuliers, on compte de nombreux malades nécessitant des médications et contrôles fréquents. Et la jeune Genevoise de préciser, « J’ai choisi de leur offrir un sanctuaire et non un refuge. Avec pour but de sauver un maximum d’animaux, ce dernier les héberge dans des conditions difficiles afin de les faire adopter au plus vite. Le sanctuaire, en revanche, sans intention d’adoption, vise à leur octroyer une maison à vie, avec des moyens adaptés à chaque individu dans un espace ad hoc. Le nombre des résidents est donc limité pour une qualité des soins et un mode de vie très élevés. »